Nhentai : voici pourquoi le site est interdit en France

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Nhentai est sans conteste le site de doujin le plus consulté en France. Des millions d’utilisateurs se rendent dessus pour lire des mangas érotiques. Il peut s’agir de parodies d’œuvres bien connues, mais aussi des créations originales. Une foule d’artistes est répertoriée, bien souvent en toute illégalité. Les droits d’auteur ne valent pas grand-chose. Quoi qu’il en soit, le domaine est prohibé en France depuis près de 2 ans. Découvrons pourquoi.

Le contenu « loli » en cause

L’obstruction du site Nhentai.net par les fournisseurs d’accès Internet remonte au 19 novembre 2020. À cette époque, la France est plongée dans un nouveau confinement. Lorsqu’un individu se rend sur le domaine, il est inévitablement redirigé vers une page du ministère de l’Intérieur. Celle-ci spécifie que l’URL est bloquée. La raison invoquée est qu’il contiendrait des représentations de pornographie enfantine.

Il est indiqué que le blocage du site permet de :

  • protéger la dignité des victimes des abus visibles sur ces images ;
  • protéger les internautes et notamment les plus jeunes, afin qu’il ne se trouve pas confronté à des images choquantes ;
  • prévenir les personnes qui tentent de visionner ces images en les faisant prendre conscience de la gravité de leur attirance ;
  • pour lutter contre les sites qui marchandent ces images.
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Ce sont des raisons tout à fait justifiées au regard de la législation. Elles sont conformes à l’article 6-1 de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique. Celle-ci a été surtout modifiée par la mesure du 13 novembre 2014. Elle renforce les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, mais pas que. Le décret numéro 2015-125 offre aux autorités compétentes la capacité de bloquer un site à tout moment s’il est suspecté d’entretenir une activité terroriste ou de distribuer de la pornographie infantile. La représentation est placée au même degré que les photographies.

Le site Nhentai, à l’instar de tous ses concurrents qui fournissent une lecture en ligne (érotiques ou non) ne contient que des images dessinées. Ce sont en grande partie des créations d’auteurs nippons, qui obéissent à une législation bien différente. En France, dessiner et mettre en scène des enfants ou des individus manifestement mineurs est considéré comme de la pornographie. C’est le cas depuis un arrêt de la Cour de cassation du 12 septembre 2007 : il est admis par la justice que la loi interdit toute représentation sexuelle d’un « personnage ayant les traits d’un jeune enfant » même s’il n’intervient pas d’une photographie ou d’un film. Bien que le Japon ait évolué en ce sens au XXIe siècle, les frontières sont encore bien plus permissives.

Les Japonais emploient le terme « lolicon » pour désigner les individus pédophiles, qui ont une attirance notamment sexuelle pour les plus jeunes. C’est ainsi que la catégorie « loli » correspond à ce type de scénario, ou du moins à une représentation pornographique d’une très jeune personne. C’est évidemment illégal et il est logique que le site Nhentai tombe sous le coup de la loi.

Ainsi, même si vous vous rendez sur ce site pour lire des œuvres tout à fait légales d’un point de vue obscénité, vous participez à la démocratisation de la pédopornographie en France. C’est pour cela que le gouvernement a décidé de prendre des mesures pour bloquer l’accès à ce nom de domaine. Bien qu’il ne soit pas le seul dans ce cas, Nhentai est devenu une véritable référence pour la communauté associée.

Les limites d’un tel blocage

Ce n’est pas la première situation dans laquelle un gouvernement français se résout à employer la loi pour obstruer l’accès à des sites pornographiques. Cela avait déjà commencé avec Sankaku Complex en 2015, autre poids lourd dans le domaine. Comme le rapporte un article de Numerama, plusieurs ténors ont été immobilisés sur décision souveraine du ministère de l’Intérieur.

Une pareille pratique a ses limites. Certes, un navigateur paramétré par défaut se voit bloquer l’accès à un tel site. Il se heurte inévitablement à la redirection qui affiche le message du gouvernement. En revanche, il ne s’agit que d’une action du fournisseur d’accès Internet. En clair, dissimuler votre connexion Internet permet de contourner ce blocage.

Aujourd’hui, de plus en plus d’individus sont soucieux de leur confidentialité en ligne. Beaucoup se tournent vers les VPN. Ceux-ci offrent sans difficulté de se relier à un serveur distant. On peut simuler une localisation depuis l’Espagne, le Japon ou les États-Unis. C’est comme cela que bien des personnes peuvent accéder au catalogue américain de Netflix, par exemple, tout en restant en France.

Il apparaît aussi la complication des DNS. Ces paramètres de connexion redirigent vers le blocage du gouvernement, s’ils sont par défaut. Toutefois, en les changeant, on peut contourner la restriction officielle. C’est en outre par ce moyen que les VPN sont en mesure de passer outre. Il existe ainsi d’innombrables problématiques à la mise en place d’un tel blocage arbitraire.

C’est d’ailleurs la principale difficulté pour les autorités : le site n’est pas supprimé. Les pages sont simplement détournées par les fournisseurs d’accès Internet vers un organe du gouvernement. À la rigueur, les responsables peuvent demander la désindexation sur le Google français. Cela permet aux internautes de ne pas retrouver le site par les résultats de recherche naturelle. Bien que cette procédure a été entreprise (en Allemagne par exemple), on observe encore des limites : certains moteurs de recherche moins populaire que Google affichent toujours les résultats, car il fonctionne sur d’autres bases de données confidentielles. Surtout, beaucoup d’individus connaissent par cœur l’adresse de Nhentai (URL) et peuvent s’y rendre sans passer par la case recherche.

Lorsqu’on se penche sur le trafic internet du site Nhentai, on relève une baisse régulière depuis le blocage en 2020. En revanche, on constate un facteur très alarmant : la dynamique s’inverse depuis quelques mois. Semrush projette une progression mensuelle de 65 % pour la France. Le nombre de mots clefs positionnés par le domaine est en nette hausse (4800 sur Google en février 2022, presque 7600 en juin 2022).

Google Keyword Planner, l’outil officiel du géant du web, permet de bien mesurer la quantité de requêtes. En France, entre janvier et avril 2022, le mot clef « Nhentai » est recherché entre 100 000 et 1 million de fois par mois ! C’est l’un des plus dominants.

 

L’éternel complexe de l’illégalité sur le net

Les sites de lecture en ligne ont toujours été traqués par les éditeurs pour des questions de droit à l’image. Il en va de même pour les services de téléchargement illicite (torrent ou direct) qui proposent des films, des jeux vidéo ou des albums de musique. Ils sont, au regard de la loi, interdits et chaque utilisateur peut être inculpé par les voies légales. Nous avons vu de fréquents blocages ces dernières années : zone-telechargement, Thepiratebay

La plupart du temps, la procédure est portée jusqu’au bout : les auteurs ont été poursuivis en justice. Les bases de données ont été supprimées. L’accès n’était plus valable. Pourtant, le téléchargement n’a pas reculé depuis. En fait, les réactions sont quasi immédiates : de nombreuses adresses miroirs fleurissent les heures qui suivent. Il peut intervenir des imitations visant à profiter de la notoriété du précédent site en parasitisme. On peut aussi observer de nouveaux concepts.

Bref, éradiquer les sites Internet et poursuivre les auteurs en justice ne suffit pas à endiguer l’activité. L’identique problématique s’énonce pour Nhentai. Si le domaine principal (.net) est automatiquement redirigé vers le site du gouvernement, ce n’est pas le cas pour toutes les adresses concurrentes. Pire encore, un site miroir dont nous tairons l’URL a vu le jour. Il n’est pas bloqué et il propose mot à mot la même interface, base de données et « offre » pour les internautes.

Dans ces conditions, comment l’État entend-il lutter efficacement contre la pédopornographie ? Nous avons toujours soutenu les procédures condamnant les pédophiles, pédopornographies, mais force est de constater que les responsables français n’ont pas la juste approche. En ne s’attaquant qu’à la surface immergée de l’iceberg, on stimule une activité illégale. Les emplacements clones se sont multipliés et sont manifestement accessibles sans peine dans les résultats de recherche. Google et les autorités françaises ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Surtout, les internautes ne sont pas stupides : des solutions applicables en une poignée de minutes suffisent à contourner une telle mesure limitative. Un nombre croissant de personnes recourent à un réseau privé virtuel. Plusieurs navigateurs Internet, grand public comme Edge ou Opéra, offrent un VPN gratuit ou des modifications de DNS. Les utilisateurs de ces services ne sont même pas avertis qu’une restriction juridique concerne ces sites. Ces personnes-là ne savent peut-être pas que leur activité est illégale. Comment sensibiliser une population dans ces conditions ?

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1 Commentaire
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Anonyme

Une interdiction absolument lamentable et scandaleuse!

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