Le trafic des sites de mangas pirates a explosé avec la pandémie

Selon l’organisation Authorized Books of Japan et le site d’actualité Jiji Press, le trafic Internet de plus de 400 sites de piratage de mangas a explosé depuis le début de la pandémie de coronavirus. Les préjudices financiers estimés sont passés de 1,58 milliard d’euros à 5,9 milliards d’euros.

Les scans ont le vent en poupe

En France comme ailleurs, les mangas sont des œuvres payantes, que l’on peut retrouver en version papier à environ 7 euros le tome et en version numérique, parfois légèrement moins cher.

Il va sans dire que le tarif sert à rémunérer l’auteur du manga, ses assistants, l’équipe de productions, de traduction ainsi que la maison d’édition, qu’elle soit japonaise, américaine ou française.

Nous avons récemment vu qu’avec les difficultés liées à la crise généralisée du papier, du carton et d’une manière générale à la flambée des prix des autres matières premières (comme l’encre), mais aussi du transport, certains prix ont augmenté chez plusieurs maisons d’édition française. Mais généralement, la hausse ne rajoute « que » quelques dizaines de centimes à la facture.

Ce n’est pas une surprise, mais avec la pandémie de coronavirus et les heures supplémentaires passées à la maison, de nombreuses personnes ont été mises au chômage technique ou bien n’ont pas pu suivre leurs cours en présidentiel. Pour occuper ce temps libre additionnel, beaucoup se sont tournés vers les animes ou les mangas.

Il est évident que certains n’ont tout simplement pas les moyens de se payer de nombreux tomes de mangas chaque mois. Cependant, ces derniers se sont pour la plupart orientés vers les sites de mangas pirates, que ce soit en France ou dans le reste du monde. Ces sites, qui sont totalement illégaux, mettent en ligne et en accès gratuit des dizaines, voire des centaines d’œuvres sans la permission de leurs auteurs ou des maisons d’édition.

Une organisation pour les surveiller

L’organisation appelée ABJ (Authorized Books of Japan) a pour mission de sensibiliser le public au piratage de mangas. Ce type de sites existe en proposant des œuvres pirates et se rémunère avec de la publicité, bien souvent invasive. Selon l’organisation, plus de 400 sites de piratage ont été étudiés l’année dernière. Surtout, leurs trafics ont explosé.

Il est ainsi estimé qu’en janvier 2020, soit le tout début de la pandémie, le trafic des trois premiers sites était de 12,5 millions de pages vues. Lorsque l’on fait les comptes, cette fois-ci en octobre 2021, le nombre passe à 326 millions.

Cette augmentation spectaculaire, si elle est étroitement liée avec le temps supplémentaire passé à la maison en raison de la crise sanitaire, engendre forcément des préjudices financiers. Que ce soient les maisons d’édition, les auteurs de mangas ou plus globalement l’ensemble des acteurs de l’industrie, les pertes estimées sont colossales.

L’organisation calcule ainsi que le coût est passé de 210 milliards de yens (1,61 milliard d’euros) à 780 milliards de yens (5,37 milliards d’euros) pour la période de janvier à octobre 2021. 

Une meilleure qualité pour l'internaute

Il semble qu’avec l’émergence de nouveaux sites pirates et un public de plus en plus important, les moyens ont été déployés également du côté des propriétaires des sites Internet. La qualité des scans a été améliorée, les conditions d’accès sont plus simples et davantage de personnes travaillent sur ces sites Internet.

« La qualité d’image des versions pirates vues récemment est très élevée et presque égale à celle des livres électroniques, et des œuvres non autorisées de certains mangas sont trouvées sur l’internet aux dates mêmes de la mise en vente de leurs versions officielles« , selon Ken Akamatsu, mangaka (Love Hina et Negima ! Magister Negi Magi).

Des mesures sont progressivement prises, surtout du côté de l’Amérique, pour supprimer ce genre de sites web qui enfreignent clairement le droit d’auteur. Mais comme bien souvent dans le domaine de l’illégalité, à chaque fois qu’une tête tombe, on observe aussitôt une alternative émerger qui prend sa place.

Par exemple, nos confrères de Actualitte rapportaient le 17 août 2020 que les sites Internet Kiss Anime et Kiss Manga avaient été mis hors d’état de nuire. On pense également au site Internet Manga-Mura qui a choisi la voie de l’auto-dissolution.

Qu'en est-il de la France ?

La France n’est pas épargnée par ce domaine. Il existe de nombreux sites Internet, facilement accessible, qui permet de lire des œuvres, des tomes ou des chapitres de mangas de manière rapide et gratuite. Nous vous rappelons que cette pratique est totalement illégale.

On trouve aussi des moyens de passer outre cette interdiction légale est donc de rentrer dans les clous. On pense notamment à plusieurs fansubs (équipe de traduction majoritairement amateur) qui proposent de traduire les chapitres publiés au Japon, mais qui ne sont pas encore disponibles en France. Quand les chapitres sont publiés de façon légale en France, par exemple à l’occasion de la sortie d’un tome du manga, ils sont alors supprimés du site de la fansub.

Une manière intelligente, habile et généreuse de proposer les dernières actualités d’un manga au public de façon légale.

Ces derniers mois, pour lutter contre la mise en ligne illégale de mangas, les éditeurs ont surtout fait le choix de lancer leur propre alternative. C’est ainsi que l’on a vu arriver des applications gratuites pour attirer les lecteurs pirates. On pense particulièrement à l’une des plus grandes maisons d’édition du genre, Shueisha. On peut ainsi retrouver un certain nombre de chapitres d’œuvres très populaire comme One Piece ou My Hero Academia dans la meilleure qualité possible.

Des acteurs français sont également concernés avec Glénat Manga Max pour Glénat, ou encore avec le lancement de Manga Plus. Selon Shueisha, depuis le lancement de Manga Plus, « il y a eu plusieurs exemples de gros sites proposant des mangas illégalement qui ont cessé de publier des mises à jour ».

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Hihi

Je pirate tout en torrent lol