Hyakkaten

Les grands magasins au Japon sont appelés hyakkaten (百貨店) ou depāto (デパート), une altération du terme anglais « Departement Store ». Le Hyakkaten est un magasin de détail dans lequel une seule entreprise exploite plusieurs boutiques pointues de manière unifiée. Elle consolide ces commerces de spécialités dans un grand magasin doté d’une importante surface pour exposer et vendre une vaste variété de produits.

L’équivalent français serait les Galeries Lafayette à Paris.

Histoire

Origine

Le premier grand magasin de « style moderne » au Japon a été Mitsukoshi, fondé en 1904, dont l’origine remonte à un magasin de kimonos appelé Echigoya en 1673. Mais quand on examine les sources, on remarque que l’histoire de Matsuzakaya est encore plus ancienne, puisqu’elle relève de 1611. La tendance à ouvrir des Hyakkaten en construisant des bâtiments modernes de style occidental qui ne se limitent pas à la rénovation des boutiques a commencé avec Shiroki-ya en 1903. Un magasin doté de vitrines et d’une salle à manger a alors été construit dans un mélange de styles japonais et occidental. Quelques années plus tard, en 1907, Matsuya a construit un magasin de style occidental de trois étages à Kanda Imagawa-bashi.

En 1910, le magasin de kimonos est devenu un grand centre commercial. Puis, de la fin de l’ère Meiji à l’ère Taisho (1912-1926), d’importants commerces ayant des boutiques de kimonos et autres prédécesseurs ont été ouverts dans tout le Japon, notamment le grand magasin Imai (aujourd’hui Marui Imai) à Sapporo en 1916 et Yamagata-ya à Kagoshima. En 1924, le magasin Matsuzakaya de Ginza a autorisé le port de chaussures de ville à l’intérieur, une initiative novatrice à l’époque.

Ces anciens Hyakkaten de kimonos dominaient le marché au début de leur existence. Les produits de luxe qu’ils vendaient, ou plutôt exposaient, participaient à la création d’une atmosphère raffinée. La concurrence entre les grands magasins pour attirer les clients a commencé par l’utilisation de bâtiments luxueux et modernes pour attirer l’attention. En plus du kimono de l’époque d’Edo, les boutiques vendaient également des objets d’art et d’artisanat d’outre-mer et importaient des marchandises, ce qui leur donnait un sentiment de luxe et en faisait un « lieu prestigieux » où les gens pouvaient faire du shopping avec style, en portant des kimonos d’un style plus formel.

Ferroviaire

Autre origine du grand magasin japonais : les compagnies ferroviaires. La nation dispose de plusieurs opérateurs ferroviaires privés qui ont commencé, à partir des années 1920, à construire de grands magasins directement liés aux terminus de leurs lignes. Seibu et Hankyu sont des exemples typiques de ce type.

Le 1er novembre 1920, Shiroki-ya ouvre une succursale au rez-de-chaussée de l’ancien édifice Hankyu (cinq étages) dans la gare d’Umeda de la Hanshin Express Railway (aujourd’hui Hankyu Railway), devenant ainsi le premier grand magasin terminal au monde. Enfin, le 16 septembre 1926, un grand magasin terminal à part entière doté d’une surface de vente est créé avec l’ouverture du grand magasin Mikasaya au troisième étage du sous-sol du bâtiment Daikai dans la gare de Kamihommachi de la Osaka Electric Railway.

Devant le succès de ces grands magasins terminaux, les exploitants ferroviaires (en particulier les importantes compagnies ferroviaires privées dans les régions métropolitaines) ont rapidement décidé d’établir de grands magasins affiliés dans les gares terminales des zones urbaines d’où ils sont originaires, ou en partenariat avec de grands magasins existants. Les deux premiers étaient le Toyoko Department Store (devenu Tokyu Department Store Toyoko, fermé fin mars 2020), qui a ouvert à la sortie est de la gare de Shibuya le 1er novembre 1934, et le Daitetsu Department Store (devenu Kintetsu Department Store Abeno Harukas), qui a ouvert à la gare d’Abenobashi (devenue la gare d’Osaka Abenobashi) en novembre 1937.

L’entrée des grandes compagnies ferroviaires privées dans les activités des grands magasins s’est poursuivie jusque dans les années 1960, la plupart des importantes compagnies ferroviaires privées ayant leurs propres grands magasins dans le cadre de leurs affiliations. Les sociétés JR, qui se sont séparées des Japan National Railways (JNR) en 1987 et ont privatisé leurs propres grands magasins, ne se sont pas encore lancées dans l’exploitation de ce type d’enseigne, mais, comme les sociétés ferroviaires privées, elles ont formé des alliances avec les grands magasins et les ont attirés comme principaux locataires lorsqu’elles ont réaménagé leurs propres gares terminales.

Monopole ?

Hyakkaten

En une seule année de vente à Tokyo entre 1930 et 1931, les grands magasins, qui n’étaient que 18 sur 60 000 détaillants, représentaient 69 % des ventes totales de vêtements textiles et 59 % des ventes totales de produits de mercerie, si vite qu’à la fin de l’ère Taisho ! Vers la fin de la période Taisho, les petits et moyens détaillants ont demandé la réglementation du commerce, et la première loi sur les grands magasins a été promulguée en décembre 1938, mais les grands magasins sont devenus tristement célèbres lorsque la guerre du Pacifique a éclaté et qu’ils ne pouvaient plus fonctionner…

La loi est finalement abrogée en 1947. L’activité peut reprendre. En 1960, on comptait 310 boutiques d’une surface d’environ 1,52 million de mètres carrés et, en 1966, le nombre de magasins était passé à 310 d’une superficie d’environ 1,52 million de mètres carrés. En 1966, il y avait 364 magasins constituant environ 2,25 millions de mètres carrés, et en 1971, 477 magasins représentant 3,85 millions de mètres carrés, les ouvertures et l’expansion rapides des magasins se poursuivant par la suite.

Dans la période d’après-guerre, l’ancienne classe aisée de l’avant-guerre est tombée, et l’expansion des magasins a encore accru la clientèle du grand public, et des « zones de vente spéciales » ont été aménagées aux étages supérieurs pour attirer le grand public, vendant des produits de première nécessité tels que des vêtements et des articles divers à des prix de vente spéciaux fortement réduits.

Ainsi, les grands magasins régnaient comme le sommet de la vente au détail, proposant une large gamme de produits allant des articles de luxe à ceux destinés au grand public. Ils étaient également populaires en tant que lieux de loisirs pour les familles, équipés d’importantes salles à manger et même de grands équipements de jeux. Mais ils subissent depuis les années 1980 la concurrence acharnée des supermarchés et des magasins de proximité, réduisant peu à peu leur présence. Pour autant, les depāto sont des remparts de plusieurs facettes du conservatisme culturel du pays. La remise de chèques-cadeaux pour de grands magasins prestigieux est utilisée comme un cadeau officiel au Japon.

Services

Ces Hyakkaten proposent généralement un large éventail de prestations : change, réservation de voyages, vente de billets pour les concerts locaux et autres événements. Pour des raisons liées à leurs racines, de nombreux grands magasins japonais ont des sections consacrées aux kimonos et à l’artisanat traditionnel japonais, notamment la poterie et la laque. Le sous-sol abrite souvent une épicerie et une aire de restauration, et sur le toit, on peut trouver des articles de jardinage et d’aquariophilie, des animaux domestiques et une aire de jeux pour enfants.

Le premier étage (dans certains cas le deuxième) est l’entrée principale de la boutique et est généralement décoré d’une manière différente des autres étages, par exemple avec un sol en pierre naturelle, pour mettre en valeur son luxe. Le magasin propose surtout des vêtements pour femmes, des cosmétiques et des parfums, ainsi que des chaussures, des sacs, des chapeaux et des bibelots de grandes marques. Les produits cosmétiques et les parfums sont disposés au rez-de-chaussée, en partie parce que pendant la période Showa (1926-1989), où la ventilation forcée n’était pas très répandue, les produits causant des odeurs étaient placés près de l’entrée pour empêcher les odeurs de s’infiltrer, alors que dans les bâtiments mieux ventilés de la période Heisei, ils étaient parfois placés à d’autres étages.

Le rayon des vêtements pour femmes est installé au niveau supérieur du rayon des vêtements (du deuxième au quatrième étage environ). Souvent, ils s’étendent sur plusieurs étages et distinguent parfois, selon le niveau, des groupes d’âge de clients tels que jeune, adulte, madame, etc. La partie dédiée aux habits pour hommes est située au-dessus de la partie consacrée aux vêtements pour femmes (vers le quatrième ou le cinquième étage). On y trouve principalement des costumes et d’autres vêtements pour hommes d’affaires, mais le magasin vend également des vêtements de golf, qui sont devenus très populaires en tant que sport de haut niveau pour les hommes pendant la période Showa.

La zone des articles ménagers se situe au niveau au-dessus de la section des vêtements pour hommes (vers le cinquième ou le sixième étage). Un large éventail de marchandises est commercialisé par les grands magasins, notamment des kimonos, des accessoires de kimonos, des montres, des habits pour enfants, des équipements sportifs, des jouets, de la papeterie, des livres, des produits de première nécessité, des meubles, des appareils électriques, des disques et des CD.

Une salle d’exposition se trouve souvent au dernier étage ou au niveau inférieur (autour du 6e-7e étage). Des événements ponctuels tels que des concours d’ekiben, des expositions de produits nationaux et des expositions d’art y sont organisés. Au cours de la période Showa (1926-1989), des expositions pour les enfants pendant les vacances d’été et d’hiver étaient parfois organisées ici. Les restaurants se situent au dernier étage (parfois plusieurs étages dans les grands magasins). Il peut arriver que plusieurs restaurants soient regroupés et désignés sous le nom de « quartier des restaurants », par exemple. Dans certains cas, l’heure de fermeture est retardée à cet étage par rapport aux autres étages, en prévision de l’utilisation du dîner, y compris la consommation d’alcool. L’objectif principal étant de profiter de la vue depuis les étages supérieurs, les fenêtres sont fréquemment plus grandes que celles des autres étages.

Les horaires d’ouverture sont généralement de 10 heures à 20 heures. Les magasins sont parfois fermés un jour par semaine, souvent un jour de semaine.

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