Kimono

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Le kimono (着物) est la tenue traditionnelle japonaise. Elle est revêtue depuis la période Hakuho (645-710). C’est un vêtement avec des manches carrées et un corps rectangulaire. Il se porte du côté gauche pour s’enrouler vers le flanc droit (sauf si le détenteur est décédé). Il est de coutume de l’associer avec une large ceinture nommée obi. Le kimono est enfilé par les hommes et les femmes. Le reste de la tenue s’accompagne souvent de chaussettes tabi et de sandales zori.

L’expression kimono est dérivée des mots 着る ki porter et 物 mono (chose). Elle signifie littéralement la « chose que l’on revêt sur soi ». L’habit caractérise à lui seul le style japonais depuis des générations. Il est imprégné de symbolisme et il capture l’élégance de la culture nipponne. Jadis standard, ce vêtement n’est plus enfilé tous les jours. On le revêtit lors des festivals d’été ou d’autres événements importants comme des mariages, des remises de diplômes, des funérailles. Les geishas, les maikos, les rikishi et les lutteurs de sumo constituent des exceptions en portant couramment le kimono.

Une robe japonaise

Le kimono est une longue robe traditionnelle japonaise, d’origine chinoise. Elle s’enroule autour du corps et à des manches particulièrement volumineuses. La forme actuelle est la kosode 小袖, différente de l’aspect plus ancien dit furisode 振袖. La ceinture Obi qu’on lui associe dans la plupart des cas est nouée avec une grande minutie. Elle peut mesurer jusqu’à 3,65 m (12 pieds).

Le vêtement était un objet d’apparat qui était porté la plupart des jours. Le possesseur pouvait le décorer avec le blason de son clan. Il a mué en vêtement traditionnel vers la fin du huitième siècle et a été revêtu par les femmes et les hommes, enfants compris.

La plupart des Japonais n’enfilent le kimono que lors des occasions extraordinaires. Pour le vêtir de façon conformiste, il faut lui associer de multiples accessoires. Voici une liste non exhaustive de ce que l’on peut mettre en addition :

  • obi (ceinture) ;
  • obimakura (petit coussin) ;
  • koshihimo (ceinture qui permet de tenir le kimono et de régler la hauteur aux chevilles) ;
  • datejime (ceinture qui maintient la silhouette) ;
  • nagajuban (sous-vêtement qui ressemble à une robe blanche en coton) ;
  • hakama (pantalon large plissé) ;
  • tabi (forme de chaussettes japonaises) ;
  • zori (sandales) ;
  • michiyuki (veste que l’on porte sur un kimono).

Nouer la ceinture obi avec le kimono est l’étape la plus fastidieuse pour porter ce vêtement traditionnel. Les hommes ne s’embêtent généralement pas et se contentent de le nouer autour de leur taille.

Les occasions formelles impliquent (surtout pour les femmes) d’attacher la ceinture d’une démarche spéciale : le ohashori. C’est un processus de triple ceinture qui fusionne ceinture obi et une seconde ceinture attachée tout autour, avec un nœud dans le dos.

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Diagramme des parties du kimono (par Astridvincent sur Wikipédia)

Le symbolisme du kimono

Les kimonos sont des habits folkloriques conçus depuis des siècles. Les styles, les motifs, les couleurs et les matériels ont largement évolué. Ils sont appréciés pour leur symbolisme et leur caractère qui peut révéler l’identité individuelle du détenteur.

Ces tenues typiques sont davantage portées par les Japonais, mais l’on observe depuis quelques années un nombre croissant de visiteurs étrangers les revêtir. Les Nippons ne considèrent pas cela comme de l’appropriation culturelle à condition que le respect des us et coutumes prédomine.

Il existe des dizaines de genres de kimono traditionnel. Cela répond généralement à une série de critères spécifiques :

  • le sexe ;
  • l’état civil ;
  • l’événement ;
  • l’âge.

L’apparence d’un kimono est composée de plusieurs motifs, de symboles et des coloris distincts. Ces éléments visuels sont loin d’être anodins. Ils aident à communiquer le statut, les traits de personnalité et les vertus du porteur. Les ornements populaires sont souvent issus de la nature :

  • feuilles ;
  • arbres ;
  • fleurs ;
  • oiseaux (grues japonaises) ;
  • vagues.

Les couleurs s’inscrivent dans l’imagerie typique des kimonos. Elles ont toute une signification métaphorique. Les variations obtenues par les pigments sont également représentatives. Le port de tissu bleu est en particulier censé servir de répulsifs aux serpents et aux insectes. Il est dérivé de l’indigo (ai) qui est utilisé pour traiter les morsures et les piqûres.

On pouvait déduire de nombreux éléments à partir de l’apparence d’un kimono :

  • une jeune femme portera souvent un kimono à manches amples et longues, un motif lumineux et un tissu coloré ;
  • une femme mariée portera souvent un kimono à manches courtes, des couleurs sobres et surtout du blanc ;
  • un enfant portera souvent un kimono aux couleurs vives et/ou des imprimés avec des motifs vifs ;
  • un bébé sera vêtu d’un sous-kimono blanc. On lui associe par-dessus un autre kimono de couleur vive (pour une fille) et noir (pour un garçon) ;
  • un homme pendant son mariage portera un kimono noir avec un obi blanc ;
  • un homme durant un enterrement portera un kimono noir avec un obi noir ;
  • un samurai portait un kimono, un vêtement sans manches appelé kamishimo et un hakama (jupe fendue en forme de pantalon).

Les différents types de kimono

Les kimonos se distinguent via certaines particularités comme l’emplacement spécifique d’un motif, le caractère uni ou non de la couleur et le degré de formalité de chaque vêtement. Plusieurs appellations ont été créées au fil des siècles. Leur symbolique, les conditions pour les revêtir ainsi que leur coût ne sont pas les mêmes. Voici une liste des types de kimono que l’on peut retrouver au Japon :

  • yukata 浴衣 : kimono d’été, décontracté en coton ;
  • komon 小紋 : kimono informel. Avant la guerre, c’était le kimono le plus courant dans la vie de tous les jours ;
  • Edo komon 江戸小紋 : type de komon caractérisé par un motif répétitif et extrêmement petit ;
  • iromuji 色無地 : kimono monochrome non décoré, principalement vêtu lors des cérémonies de thé ;
  • tsukesage 付け下げ : vêtement de cérémonie de bas-rang ;
  • hōmongi 訪問着 : kimono formel avec des motifs sur les coutures ;
  • irotomesode 色留袖 : kimono avec un motif le long de l’ourlet et un fond coloré ;
  • mofuku 喪服 : kimono adapté au deuil. Il développe un aspect noir uni ;
  • uchikake 打ち掛け : kimono très formel porté lors d’un mariage ou sur scène ;
  • shiromuku 白無垢 : kimono de mariage d’un blanc pur. Il est porté par les mariées lors d’une cérémonie de mariage shintoïste ;
  • susohiki ou hikizuri 裾引き : kimono très long, porté par les geishas, les maikos, les acteurs de kabuki et les personnes pratiquant la danse traditionnelle nipponne.
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Le vêtement de tout le monde ?

Le kimono est depuis longtemps estimé comme la tenue nationale du Japon. On déniche au moins un modèle dans la plupart des penderies nipponnes. Cela dit, il n’a jamais été le seul habit revêtu dans l’ensemble de l’archipel. Bien avant que le Japon s’occidentalise, d’autres tuniques étaient utilisées. On pense en particulier au ryusou du peuple Ryukyuan, ou l’attus des Ainu. Chacun est similaire, mais reflète des cultures différentes.

Il apparaît aussi d’innombrables costumes qui peuvent être considérés comme de simples variations du kimono. C’est le cas de ce qu’enfilaient les travailleurs (qui mueront en ouvriers) avant le XIXe siècle.

La conception du kimono a évolué au fil des siècles. À compter de la période Nara (710 – 794), on portait une enveloppe appelée kosode. On l’utilisait au départ comme sous-vêtements, puis comme vêtement de dessus. Il était unisexe. C’est essentiellement à partir du XVIIIe siècle que ce vêtement est devenu plus célèbre sous le nom de kimono. Le style kosode primitif n’est plus endossé dans la vie de tous les jours par les Nippons. Il arrive cependant que l’on en observe dans les festivals folkloriques ou des cérémonies populaires.

Le kimono dépeignait toutefois le choix vestimentaire par défaut de tous les jours et « la mode » pendant l’époque de Kamakura (1185-1333). C’est durant cette période que les combinaisons de teintes traditionnelles japonaises ont été expérimentées pour la première fois. Différents coloris ont été utilisés suivant les saisons, le sexe ou les liens domestiques.

Confectionner les kimonos était devenu un art à part entière avec des artisans spécialisés pendant l’ère Edo (1603-1868). Des pièces d’un raffinement extrême étaient fabriquées et pouvaient valoir plus cher qu’une maison. Les kimonos les plus onéreux et les plus symboliques étaient conservés, et se transmettaient à la famille. Un grand soin leur était apporté.

Le tarif élevé se justifie tout d’abord par les matières coûteuses comme la soie et le lin. Surtout, c’est la conception qui exige le plus de patience et de maîtrise : on doit systématiquement terminer les coutures et les bords à la main. Les modèles les plus chers sont destinés à des occasions spéciales. Les styles plus informels sont moins onéreux et plus accessibles à la population.

Revêtir un kimono inadéquat est une sérieuse entorse au concept de respect et de gratitude dans la société nipponne. On doit toujours les enfiler avec le flanc gauche sur le droit. L’inverse est réservé à un cadavre vêtu pour l’enterrement (côté droit sur le gauche).

Après Edo, le vêtement était rapidement devenu populaire en raison de sa polyvalence. La robe japonaise pouvait être superposée ou modifiée pour s’accommoder à toutes les saisons ou conditions climatiques. Les kimonos en soie épaisse pouvaient être revêtus en automne et en hiver. On s’est mis à porter le yukata, plus léger et en coton pendant la période estivale.

Lorsque se produit la restauration de Meiji et que le système des classes sociales a été abrogé en 1869, tout change pour les habitants. Les lois somptuaires spécifiques aux castes sont abolies. Les teintes rouges et violettes étaient réservées à l’élite ou à certaines situations. Elles sont soudainement devenues très populaires.

Le Japon s’est très rapidement ouvert au commerce occidental. Des matériaux et des techniques ont été importés. La manipulation de la laine et de colorants synthétiques a remplacé les procédés nippons. C’est ainsi que le kimono en laine décontracté était courant dans le Japon d’avant les années 1960. Il a succédé à la soie traditionnelle.

Surtout, l’ère Meiji est synonyme de perte de vitesse pour le kimono japonais. Les dirigeants de l’époque ont poussé pour que les citoyens s’habillent comme les Occidentaux. Cela rimait avec modernité. L’adoption des costumes occidentaux par les hommes japonais s’est fait beaucoup plus rapidement que par les femmes.

Lors de la période Taisho (1912-1926), les vêtements occidentaux sont devenus la norme. L’uniforme militaire européen s’est exporté au Japon. Les kimonos ont été remplacés à tous les échelons de la société : marine nationale, enseignement, armée. Pour autant, il n’a pas totalement disparu. Il est fréquemment revêtu par un nombre non négligeable de personnes.

Lors du grand tremblement de terre de Kanto en 1923, il revient sur le devant de la scène. Le kimono meisen était très bon marché, surtout en comparaison des tenues occidentales. Il avait aussi l’avantage d’être informel, prêt-à-porter, et tissé à partir de fil de soie brute et des déchets impropres à d’autres usages. Il est devenu très en vogue.

Quand revêtir un kimono ?

Comme nous l’avons vu ci-dessus, le kimono n’est pas un vêtement que l’on enfile tous les jours. Les femmes le portent lorsqu’elles assistent à des arts traditionnels : cérémonies de thé, cours d’ikebana, geisha. Il est plus fréquent que les filles et les jeunes femmes célibataires enfilent un furisode (un style coloré de kimono à manches longues et noué avec la ceinture obi).

Le mariage est aussi opportun pour le kimono. On porte différents costumes au fil de la célébration. Cela concerne la mariée et le marié. L’un de ces costumes est le shiromuku pour la mariée [un lourd kimono blanc brodé et coiffé]. L’homme porte un kimono noir en soie habutae, avec un hakama [sorte de jupe plissée], un haori (manteau noir mi-long) et souvent un écusson de sa famille. Il n’est pas répandu de revêtir un costume occidental au Japon pendant le mariage.

Les hommes et les femmes japonais portent un kimono noir uni lors des funérailles. La meilleure façon de savoir si un homme se rend à un mariage ou à des funérailles consiste à regarder sa ceinture obi : si elle est blanche, il va à un mariage. Si elle est noire, il part pour des funérailles.

Les jeunes de 20 ans célèbrent leur passage à l’adulte en janvier de chaque année. La majorité des femmes revêtit un kimono aux couleurs élaborées. Il y a aussi d’autres occasions pour porter un kimono : le Nouvel An, les cérémonies de remise de diplômes et le Shich-go-san pour les enfants.

Mettre un kimono est un véritable art qui se transmettait traditionnellement de mère en fille. Certaines écoles spécialisées existent de nos jours. La première chose que vous allez enfiler, ce sont les tabi, ces chaussettes blanches en coton. Ensuite, il faut mettre les sous-vêtements et une jupe portefeuille. On passe au nagajuban (sous-kimono que l’on noue avec une ceinture datemaki). C’est enfin le moment de revêtir le kimono qui se noue du côté gauche sur le droit. On attache l’ensemble avec l’obi et les sandales zori si l’on sort.

Le awase est un kimono doublé qui est traditionnellement fait en soie. Il y a toutefois des modèles en tissu synthétique ou en laine. Il est porté pendant les mois les plus frais. À l’inverse, les yukata légers en coton sont revêtus à la fois par les hommes et les femmes durant les mois d’été. On le porte aussi après les bains dans les stations thermales (onsen) et dans les ryokan (auberges traditionnelles). On les associe fréquemment aux geta, des chaussures en bois typiques.

Vocabulaire

Français Japonais Prononciation
Kimono 着物 kimono
Yukata 浴衣 yukata
Vêtements 衣服 ifuku
Manteau コート co-to
Costume スーツ su-tsu
Costume d'affaires 背広 sebiro
Robe ドレス doresu
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