Au Japon, on repense sans cesse le mobilier urbain. Depuis peu, plusieurs passages pour piétons ont été peints en rouge et blanc. Cela a de quoi dépayser un pays et une population qui s’est strictement adaptée aux normes occidentales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La préfecture de Miyazaki a cependant décidé de tenter l’expérience. La région, située dans le sud-ouest du Japon, affirme que selon une étude, ce nouvel ensemble de codes couleur incite davantage de conducteurs à s’arrêter. Mais qu’en est-il vraiment ?
Une expérience préfectorale
Le Japon n’est pas épargné par les accidents de la route sur les passages pour piétons. Que l’on soit seul ou en compagnie d’enfants, les piétons sont censés avoir la priorité sur les voitures. Pourtant, cela n’est pas toujours respecté. La police préfectorale de Miyazaki a ainsi commencé à transformer des passages pour piétons ordinaires avec des bandes rouges et blanches cet été. L’objectif était de les rendre plus visibles aux yeux des conducteurs et de prévenir au maximum des accidents de la route.
Le tout premier passage pour piétons rouges et blanc a été inauguré dans la préfecture au début du mois d’août. Une rue à deux voies de chaque côté a été sélectionnée, juste en face des bureaux du gouvernement de la préfecture de Miyazaki. Il faut dire que sept grands bâtiments de l’agence bordent la rue et la circulation se retrouve très vive. Les employés du gouvernement ont été souvent aperçus en train d’attendre au passage pour piétons. Il était fréquent d’observer des conducteurs qui ne s’arrêtaient pas, malgré le Code de la route.
En 2020, on a dénombré cinq accidents mortels et 129 blessés sur les passages pour piétons dans la préfecture. Avec la reprise des activités suite à la pandémie de coronavirus, cinq décès et 89 blessés ont été mentionnés en 2021. La police préfectorale, se devant de réagir, a décidé d’adopter les nouvelles couleurs de passage pour piétons comme une mesure d’urgence. La préfecture recense 8600 passages pour piétons sans feux de signalisation. La police en a donc sélectionné quelques-uns pour son essai. On a ainsi retenu ceux près des établissements publics et des écoles ou encore là où la circulation est la plus dense. Au total, 27 passages pour piétons dans 14 municipalités de la préfecture ont été coloriés avec des bandes bicolores.
Des résultats probants
La police préfectorale a mené une enquête avant la mise en place de ces nouveaux coloris. Une enquête révèle qu’avant l’introduction de celle-ci, seuls 56,9 % des véhicules en moyenne s’arrêtaient lorsqu’un piéton a essayé de traverser la rue. Avec un passage pour piétons colorisé en rouge et blanc, le chiffre est passé à 71,7 %. Il s’agit donc d’une expérience probante, mais qui a un coût.
En effet, il a fallu débourser quelque 9,3 millions de yens, ce qui représente 64 000 €. Pour autant, il faut remettre cet investissement dans le contexte. Ce n’est qu’un 10e du prix d’installation de plusieurs feux de circulation. Aussi, les coûts de maintenance s’en retrouvent réduits par rapport à un matériel technologique de pointe.
Ils ont eu un certain impact, et nous aimerions augmenter le nombre de passages pour piétons de couleur (rouge et blanc) en incitant les autres autorités de gestion des routes à les adopter.Responsable de la police préfectorale
Quoi qu’il en soit, il semble qu’investir dans une nouvelle peinture plus élaborée et plus variée permet de réduire les risques d’accident. Au lieu de toujours se lancer dans la course à la technologie pour sensibiliser les automobilistes, voilà une alternative moins coûteuse et plus simple qui pourrait se retrouver aux quatre coins du Japon. Pour l’instant, l’initiative demeure cantonnée à la préfecture de Miyazaki, mais d’ici quelques mois ou années, il se pourrait bien qu’un investissement soit décrété dans le reste de l’archipel. Et pourquoi pas en Europe, un jour.
Source : Mainichi
