En moyenne, 80 % des patients cardiaques atteints de cancer continuent leur travail depuis l’hôpital, au Japon

C’est un nouveau chiffre ahurissant venant faire état de la relation (trop) étroite entre travail et Japonais. Ce serait effectivement plus de 80 % des citoyens nippons qui, malgré des maladies cardiaques ou un cancer, décident de continuer leur travail ou d’en trouver un autre durant leur hospitalisation. Les données sur lesquelles nous allons nous appuyer aujourd’hui relèvent du ministère de la Santé au Japon.

Selon les données du ministère, c’est 82 % des 1030 patients atteints d’un cancer ou de maladies cardiaques qui ont continué de travailler durant leur hospitalisation. Loin de se déclarer inapte à la poursuite de leurs tâches, ils “établissaient des rapports sur leur travail” mais également cherchaient à préparer leur retour dans leurs bureaux en poursuivant les tâches qu’ils avaient à faire avant leur hospitalisation.

Une première enquête à grande échelle du genre émanant du ministère, non divulguée publiquement, estime qu’il est difficile pour de nombreux patients de se concentrer sur leur traitement. De notre point de vue occidental et Français, cette pratique peut choquer car elle n’est que beaucoup moins courante dans nos régions. Mais au Japon, les points de vue sont différents et les voix multiples.

D’un côté, les professionnels de la santé et autres experts du travail estiment qu’il faut implanter un nouvel environnement favorable aux personnes hospitalisées pour leur éviter de devoir se consacrer à des tâches qui peuvent s’avérer exténuantes. D’un autre côté, le ministère du travail insiste pour obtenir une solution médiane, notamment en ayant recours massivement au télétravail.

« Je pense que l’enquête reflète correctement la réalité », a déclaré Naomi Sakurai, directrice du Cancer Survivors Recruiting Project, une organisation soutenant les travailleurs recevant un traitement contre le cancer.

Au Japon, il faut bien comprendre que la relation avec le travail passe souvent avant la préoccupation de sa propre santé. En se modernisant, la société japonaise s’inspire davantage de l’occident et de la prioritisation sanitaire mais il reste encore de vastes progrès à accomplir.

« Les patients peuvent penser qu’ils ont causé des problèmes à leur lieu de travail et qu’ils doivent travailler même à l’hôpital, mais ils ne doivent pas oublier qu’ils doivent prioriser le traitement », a déclaré Sakurai.

L’enquête du ministère, portant sur les personnes âgées de 20 à 64 ans et ayant été hospitalisées au cours des cinq dernières années, a été réalisée entre décembre et mars dernier dans 25 grands hôpitaux de l’archipel. 91,1 % des sujets ont utilisé des smartphones pour effectuer leur travail depuis les salles communes des hôpitaux ou tout simplement leurs chambres.

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