En France, la fessée comme punition a été interdite il y a relativement peu de temps. Mais au Japon, la donne est radicalement différente, avec un projet de loi à venir qui porte sur l’attitude des adultes à l’égard de la discipline physique infligée à leurs enfants. Pour beaucoup, la maltraitance est directement — ou indirectement — liée aux châtiments corporels.
Un sujet émergeant
La population japonaise soulève, ces dernières années, une multitude de sujets sociaux. Démographie diminuant à chaque année, augmentation du nombre de personnes âgées dans la société, mais également le tabou de la maltraitance des enfants.
Devant la multiplication des scandales en 2018 et en 2019, un projet de loi vient modifier plusieurs paramètres dans ce domaine juridique. Les abus envers les enfants sont particulièrement ciblés, puisque désormais, les châtiments corporels seront formellement interdits. La mesure sera effective dès avril 2020.
Pour aller de concert avec, le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a également publié un certain nombre de directives, afin de définir concrètement les termes applicables. Quels sont les différents types de châtiments corporels, quelles sont les procédures à suivre, quelles sont les peines infligées ?
Une étude fait état de l’impopularité de cette mesure
Elle a été menée par le fournisseur de voyage japonais Air Trip. Un peu moins de 800 personnes ont donc été interrogées au sujet de l’utilisation du châtiment corporel sur des enfants, ainsi que sur des cas de maltraitance et de discipline musclée. Il s’agissait principalement de parents, mais également de jeunes adultes, puisque l’âge des participants est compris entre 20 ans et 70 ans. 456 individus, soit plus de la moitié des participants étaient des parents.
La première question s’adressait aux personnes ayant déjà un enfant : il leur était demandé s’ils l’avaient déjà frappé. 49,8 % ont répondu que oui, 26,1 % étaient sur le point de le faire.
Par la suite, une question souhaitait faire état de si les châtiments corporels étaient tout simplement nécessaires pour la discipline envers des enfants. Une grande majorité de personnes, 70,6 % ont affirmé qu’elle était nécessaire « quotidiennement ou occasionnellement », 67 % pour les personnes sans enfant.
Concernant les nouvelles directives que le ministère a publiées, la moitié des candidats n’a pas souhaité y répondre. Cependant, on note que 36 % les approuvaient, 13,4 % s’y opposaient. Ainsi, si une majorité de Japonais estime que le châtiment corporel est nécessaire pour discipliner son enfant, une bonne partie espère que cette pratique soit définie. D’autres, qui s’y sont opposés, ont expliqué que chaque famille avait ses propres méthodes, et qu’il était tout simplement contreproductif d’essayer de normaliser ce type de comportement.
La discipline sur les enfants prend plusieurs formes au Japon
Quelques exemples ont par la suite été listés : des phrases choquantes que l’on peut dire à son enfant, dans les ménages japonais, comme « je souhaite que tu ne sois jamais né » ont par exemple été cataloguées par les participants comme des châtiments corporels, bien qu’ils n’infligent pas de dégâts directement physiques. Mais l’on peut aisément comprendre que la violence émotionnelle qui est aussitôt subie par l’enfant peut-être destructrice.
D’autres exemples, comme le fait de ne pas donner de diner à des enfants qui n’ont pas effectué leurs devoirs, infliger une gifle si eux-mêmes ont frappé un ami, les mettre au piquet, plusieurs châtiments corporels distincts sont présents dans les foyers japonais, au-delà de la simple fessée.
Pour autant, 66 % des participants ont estimé que les sanctions que les parents japonais infligeaient à leurs enfants, en 2019, étaient beaucoup trop laxistes. 58 % ont cependant jugé qu’il fallait développer davantage les centres de consultation des parents, à la fois pour le bien des parents et de leurs enfants.
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