Situé dans l’archipel méridional d’Okinawa, au Japon, le château de Shuri était un véritable monument national. Classé depuis l’année 2000 au patrimoine mondial de l’UNESCO, il a été fortement ravagé par un incendie, dans la nuit de mercredi à jeudi. Les autorités locales s’attendent au pire, les flammes n’étant pas encore totalement maitrisées.
Des origines anciennes
Il faut remonter au royaume des Ryukyu pour trouver les premières traces de l’utilisation dans la zone d’un complexe architectural qui regroupe le château. Au XVe siècle, il était alors question d’une place considérable, à la fois politiquement et identitairement, dans un Japon toujours médiéval. Au XXe siècle, c’était le quartier général de l’armée japonaise impériale, ce qui explique son bombardement sans relâche par les forces américaines.
Détruit à plusieurs reprises, notamment après la Seconde Guerre mondiale, il a été reconstruit périodiquement, la dernière fois datant de 1992. Dans le contexte contemporain, le château était devenu un véritable symbole dans la lutte d’Okinawa, une île qui surmontait les ravages de la guerre.
200 000 Américains et Japonais sont morts durant le conflit le plus meurtrier de l’histoire, dont un quart de la population civile d’Okinawa. Aujourd’hui encore, même si elle a retrouvé sa souveraineté, les Américains sont toujours présents dans la région en nombre, avec des bases militaires actives.
Les flammes ont tout englouti
Très vite, les flammes qui se sont déclarées vers 2 h 40 du matin, heure locale, se sont rapidement propagées aux autres bâtiments du complexe, de par leur structure consumable. Aucun blessé n’assombrit davantage un bilan matériel et historique très lourd. Pour des mesures de sûreté, une partie de la population locale — 30 personnes — a dû être évacuée.
L’alarme d’une entreprise de sécurité a été déclenchée vers 2 h 30 du matin, et la cause de l’incendie n’a toujours pas été déterminée. Aucune piste n’est exclue, la seule indication que nous avons en notre possession est que le feu aurait commencé dans le temple principal. Triste spectacle d’un château monumental, aujourd’hui réduit à une image pittoresque d’une architecture squelettique.
Une douzaine de véhicules de pompiers ont été rapidement dépêchés sur place, mais le feu était d’une rare violence, et il a fallu plusieurs heures afin de contenir les flammes. Le gouvernement, par l’intermédiaire Yoshihide Suga, a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait de son mieux pour reconstruire à l’identique le château de Shuri.
Le hall principal, qui était l’un des points les plus somptueux de l’emplacement, a totalement disparu en fumée. C’est également le cas du hall Nord de Hokuden, et du hall sud de Nanden. Ces derniers n’étaient pas équipés de dispositifs anti-incendie, puisque ce n’est pas obligatoire, selon le service d’incendie local.
Les enquêteurs se dépêchent
Depuis dimanche, un festival remettant en scène des rituels du royaume avait lieu sur le site, et se terminait à 1 h du matin, le soir de l’incendie. Mais selon la police, aucun des acteurs n’aurait été présent sur les lieux au moment de l’incendie, et impossible d’établir des liens directs, pour le moment. Quoi qu’il en soit, des inspecteurs ont été rapidement dépêchés sur le site, afin de déterminer la cause de l’embrasement. Un rapport sera spécifiquement fourni à l’Organisation des Nations unies.
Pour rappel, le site est visité chaque année par environ 2,8 millions de personnes. Il était notamment situé sur la route du palais de la flamme olympique de Tokyo, pour les JO de l’année prochaine. La maire de Naha, ville du château, s’est déclarée extrêmement « désolée » et « choquée ». « Nous avons perdu notre symbole ». La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a, elle, expliqué que c’était « une perte pour toute l’humanité ».