Carlos Ghosn de nouveau arrêté : Bilan complet pour tout comprendre

Carlos Ghosn a donc subi une nouvelle arrestation, ce matin, au Japon. L’ancien dirigeant de l’alliance Renault – Nissan – Mitsubishi fait l’objet depuis novembre de plusieurs enquêtes, et depuis ce jeudi 4 avril, d’une nouvelle poursuite. Avant son arrestation, il a pu donner une interview aux chaînes françaises TF1 et LCI dans lesquelles il a dénoncé les mensonges et l’acharnement dont il se dit victime depuis sa première interpellation, qui remonte au 19 novembre 2018. Nous vous proposons ici de revenir sur les faits qui se sont produits aujourd’hui et d’essayer de comprendre les dessous du dossier.

Nouvelle interpellation

Interpellé ce jeudi matin à six heures, heure japonaise, l’ex super-patron mondialement reconnu n’aura même pas pu jouir de sa liberté sous caution, qu’il avait durement acquis le 6 mars dernier contre 1 milliard de yens. Cette nouvelle interpellation se fonde sur des nouveaux soupçons de malversations financières, que les procureurs de Tokyo ont rapidement mis en avant. Ces derniers l’accusent d’avoir violé ses obligations professionnelles d’une part, et de s’être enrichi personnellement au détriment du constructeur japonais de l’autre part.

L’interview que l’ancien patron de Renault a donné à TF1 s’est faite par Skype, et sera diffusée aux 20 heures ce jeudi 4 avril. Il y dénonce notamment une « démolition systématique » et cible ses adversaires et auteurs de ces attaques au sein même de l’entreprise Nissan. Pour lui, c’est un véritable acharnement, et appelle aujourd’hui à l’aide du gouvernement français pour se défendre contre des accusations, selon lui, hasardeuses.

Le « risque de destruction » de preuves avancé par les tribunaux japonais

C’est le procureur adjoint en charge de l’enquête, Shin Kukimoto, qui a utilisé cette expression. Le téléphone de l’ex-patron, l’ensemble de ses notes manuscrites, mais également le smartphone et le passeport de sa femme ont été confisqués sans commune mesure.

Carlos Ghosn s’attendait néanmoins à cette éventualité et a, en prévention, enregistré une vidéo qui résume son point de vue sur l’enquête, mais également sur le futur proche qui concernera son entourage. Il estimait à « 90 % » qu’il allait être interpellé. Une autre déclaration, cette fois-ci manuscrite, avait été rédigée et clamait l’innocence du français devant un acharnement de la justice japonaise. D’ailleurs, c’est assez flou que cette arrestation intervienne seulement quelques heures après que l’homme ait posté sur son nouveau compte Twitter son intention de tout dévoiler dans une conférence de presse prévue le 11 avril.

Retour sur l’origine de l’enquête

L’ancien patron de Renault et de Nissan avait été arrêté le 19 novembre 2018 pour la première fois, officiellement parce qu’il a minoré ses déclarations de revenus aux autorités financières japonaises. Les faits s’étaient déroulés entre les années 2010 et 2015. Par la suite, une deuxième arrestation a eu lieu pour des faits qui s’étendaient cette fois-ci de 2015 à 2018, avant d’être arrêté une troisième fois le 21 décembre pour « abus de confiance aggravée ». Au final, l’accusé a passé 108 jours de garde à vue en détention provisoire, et a pu obtenir une libération partielle contre le versement de plus de 7,9 millions d’euros, une somme record au Japon. Le procès, tardif, devrait se tenir d’ici plusieurs mois, et la justice japonaise continue d’accumuler des charges, ou au moins des soupçons.

Nous sommes donc proches d’assister à une quatrième mise en examen. Aujourd’hui, le parquet et les procureurs le soupçonnent d’avoir transféré des fonds de Nissan, environ 15 millions de dollars, entre la fin de l’année 2015 et juin 2018. Ces millions de ressources seraient allés dans une de ses entreprises, trahissant ainsi ses responsabilités et ses fonctions. La justice japonaise l’accuse donc de vouloir tirer des bénéfices personnels en prenant du capital japonais.

Il faut savoir que des circulations monétaires comme celles-ci ont été signalées par Renault à la justice française pas plus tard que la semaine dernière. D’ailleurs, le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles, en octobre 2016, avait déjà fait l’objet d’une enquête il y a peu, pour des raisons similaires.

Comment réagit l’État français ?

La position de l’État français sur le sujet est relativement floue. Il est aujourd’hui toujours le principal actionnaire de Renault, et l’affaire pèse lourd sur l’image qu’a la métropole au Japon et dans le reste du monde. Bruno Le Maire, le ministre des Finances français, a décidé de jouer la carte de la transparence totale, et demande aux autorités japonaises d’adopter la même posture. De plus, il a ajouté que l’ex-patron de Renault bénéficie, comme tous les autres justiciables, de la présomption d’innocence et il demande aux instances judiciaires japonaises de l’appliquer dans la plus stricte des significations.

Pour l’heure, il est difficile de se prononcer sur l’affaire. L’ex-PDG de l’alliance Nissan Renault accumule les scandales, chaque semaine, depuis novembre. La semaine dernière, le montant astronomique de 750 000 € par an de sa retraite considérée a été diffusé à la presse, et le conseil d’administration de Renault a finalement refusé de lui verser. En revanche, nous pouvons aussi nous interroger sur la rapidité des différentes mises en examen, et plusieurs voix japonaises s’élèvent pour trouver cette affaire assez unique. Il est très rare au Japon de se faire réinculper aussi peu de temps après avoir été libéré, même sous caution.

FuransuJapon ne manquera pas de vous apporter tous les détails de l’enquête au fur et à mesure qu’ils paraissent. Vous pouvez également nous suivre sur les réseaux sociaux pour ne rien rater de nos prochaines parutions et informations !

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