Au Japon, des personnes âgées se font arrêter volontairement parce qu'elles veulent aller en prison

Le Japon possède notamment deux chiffres bluffants et à retenir pour la lecture de cet article : le plus faible taux de criminalité au monde et une population carcérale peu nombreuse ! Cependant, il faut également garder à l’esprit qu’elle vieillit rapidement. Et ce n’est pas seulement dû à la situation particulière de la démographie nippone.

Les causes de ce phénomène

L’espérance de vie la plus forte au monde se situe au Japon. Les gens vivent longtemps, principalement les femmes de par une santé forte et régulée, et une alimentation équilibrée notamment. Dans le même temps, la population des personnes actives diminue chaque année. Résultat, un quart de la population a 65 ans, et ce chiffre va grimper jusqu’à 40 % d’ici 2050. Et depuis 10 ans, la délinquance des personnes âgés, principalement des femmes, a sensiblement grimpé pour atteindre des records… 

Afin de comprendre plus en profondeur ce phénomène, il convient de faire un rappel point historique : après la Seconde Guerre mondiale, c’est plus de trois générations qui ont partagé le foyer typique japonais. Peu après, et à la manière des sociétés occidentales, la famille dite “monoparentale” s’est imposée, laissant les séniors en marge, qui ont, par conséquence, commencés à vivre seuls. Dans le même temps, l’espérance de vie s’est accrue, ce qui les rend davantage isolés. 

Aujourd’hui, on estime que six millions de Japonais âgés vivent dans un isolement quasi total, et meurent de cette façon. Et pour palier à cette mort sous le signe de l’indifférence totale, certaines de ces personnes ont décidé de s’installer en prison. En 2016, 30 000 morts dans l’isolement ont été recensées, chiffre qui est en augmentation croissante chaque année. Et selon une enquête de Tokyo, c’est plus de 40 % de ces morts, dans la solitude, qui n’avaient pas d’amis, de famille, ni de conjoint.

La prison contre la solitude commune

En décembre, les chiffres de la criminalité japonaise indiquaient que c’est 21,1 % des personnes arrêtées en 2017 qui avaient plus de 65 ans ! Étonnant d’autant plus qu’en 2000, ce n’était que 5.8 % de la population carcérale. Les crimes commis sont de nature vraiment minime, comme des larcins, des vols à l’étalage. Une faible partie des incarcérés estiment que la prison est plus agréable qu’une vie sous le signe de la pauvreté ou… À la solitude. C’est précisément la raison principale de l’augmentation des incarcérés relevants du troisième âge : pour combattre la solitude. 

Si la majorité de ces personnes sont inoffensives, ils forcent tout un personnel et une administration à s’adapter. Pour beaucoup de pénitencier, la grande majorité de ces individus prennent la prison pour une maison de retraite. La prise en charge par l’État, de cette manière, est une sorte de réponse contre l’insuffisance des retraites sur l’archipel nippon. En réaction, le gouvernement a mis en place tout un examen psychologique pour les prisonniers de plus de 60 ans. Ceux qui sont diagnostiqués séniles bénéficient ainsi d’un traitement plus adapté. Pour d’autres, les prisons doivent aménager des cellules adéquates, correspondant à leurs besoins.

Dans les faits, ce sont les femmes qui souffrent le plus de ces symptômes. Et en plus de la solitude, la situation économique grave concernant les retraitées n’arrange pas les choses. Le seuil de pauvreté, par exemple, est généralement supérieur à ce que les retraites leurs donne. C’est ainsi qu’une détenue sur 5 est âgée de plus de 65 ans. Emprisonnées pour des délits mineurs, il faut avoir à l’esprit que ces personnes récidivent très fréquemment, et cela est d’autant plus vrais pour les femmes. Par exemple, une femme de 89 ans a volé du riz, des fraises et des médicaments contre le rhume. Rien de très grave, mais qui force une peine, et au Japon, cela se traduit par une condamnation d’un an et demi.

Les conséquences

Du point de vue des prisons, c’est un tout nouveau type de population qui arrive dans les prisons, et il faut donc s’adapter. Présentant les symptômes classiques de la vieillesse, la plupart des prisonniers entendent mal, ont des problèmes de visions ou de mobilités. D’autres nécessitent constamment une aide pour leurs activités au quotidien, ou leurs besoins d’hygiène. Tout cela représente une charge supplémentaire de travail pour les gardiens pénitenciers, qui demandent aujourd’hui une aide supplémentaire. On estime qu’une personne sur dix des plus de 65 ans souffre des symptômes de sénilité, un chiffre livré par le ministère de la justice.

Si la majorité de ces personnes sont inoffensives, ils forcent tout un personnel et une administration à s’adapter. Pour beaucoup de pénitencier, la grande majorité de ces individus prennent la prison pour une maison de retraite. La prise en charge par l’État, de cette manière, est une sorte de réponse contre l’insuffisance des retraites sur l’archipel nippon.

Ni le gouvernement ni le secteur privé n’ont mis en place de programme de réadaptation efficace pour les personnes âgées, et les coûts pour la maintenance des prisons augmentent rapidement. Les dépenses liées aux soins aux personnes âgées ont ainsi fait passer les coûts médicaux annuels dans les établissements correctionnels au-delà de 6 milliards de yens (plus de 43 millions d’euros) en 2015, soit une augmentation de 80 % par rapport à la décennie précédente.

Dans tous les cas, la situation carcérale au Japon se diversifie chaque jour davantage avec l’apparition d’une toute nouvelle population : les séniors. Inoffensive et emprisonnée pour des délits mineurs, cette nouvelle catégorie carcérale forcent le changement et nécessite une adaptation constante. Mais c’est également la conséquence d’une précarité certaine des retraités japonais et d’un isolement toujours plus fort pour le troisième âge.

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