Le bonsaï (盆栽, bonsai) est un art traditionnel japonais qui signifie « arbre ou plante qui vit dans un pot ». Il est constitué du japonais « Bon » qui veut dire « pot » et « Sai » « arbre ». Cet art est né il y a plus de 2000 ans dans l’Empire chinois sous dynastie Han sous le nom de Penjing. L’objectif était de créer des paysages miniatures avec des roches et plusieurs arbres dans le même pot.
Les Japonais ont importé cet art et se le sont approprié. Les historiens du bonsaï ne sont pas tous d’accord pour définir la date d’introduction au pays du soleil levant. Iwasa Ryoji, ancien professeur de l’Université de Chiba et l’un des premiers spécialistes consacrés à cet art, estime que cela remonte à l’époque Heian (794-1185). Le bonsaï est en effet représenté sur des rouleaux emaki, qui illustrent la vie de tous les jours en montrant des petits arbres et des pierres dans des pots. Les recherches plus récentes penchent davantage pour la deuxième partie de l’ère Kamakura (1185-1333).
Ce n’est qu’au XIXe siècle, vers la fin de la période d’Edo, qu’un nouveau style de bonsaï différent du modèle chinois commence à apparaître au Japon. Les Nippons essaient alors de planter des arbres miniaturisés dans des pots, sans aucune pierre. La source la plus importante de cette époque est le Somoku sodategusa par Iwasaki Kan’en (1818).
Importance de la forme
Le bonsaï est considéré par beaucoup d’habitants de l’archipel comme une composante essentielle de l’esthétique japonaise traditionnelle. Il accorde une grande valeur aux formes établies, comme la calligraphie, les jardins traditionnels, la cérémonie du thé ou l’ikebana. Les maîtres du bonsaï consacrent des techniques qu’ils perfectionnent et affinent au cours de nombreuses années de pratique.
L’art du bonsaï est soumis aux mêmes impératifs que les autres arts traditionnels : le plus important est l’acquisition et la pratique de la beauté des formes. L’individualité ou la créativité, ou même l’estime des autres sont des considérations qui viennent plus tard.
Les formes du bonsaï, ces miniaturisations d’environnement, ne sont pas regroupées dans des écoles œuvrant à la transmission du savoir. Les artistes fonctionnent essentiellement sur un site de maître « sensei » qui formera un disciple. La beauté de cet art et son jugement se soumettent à l’exposition, un phénomène social importé de l’occident. On évalue la créativité d’un praticien et ses compétences en organisation des expositions. La plus connue de l’histoire est celle, annuelle, de Kokufu. Elle a été coordonnée la première fois en 1927.
Pour les Japonais, le bonsaï symbolise la paix, l’harmonie et surtout l’équilibre. Il incarne aussi la résilience, la patience et la détermination, des qualités requises pour la culture de cet arbre en miniature. Recevoir un bonsaï en cadeau est un grand honneur.
Différentes formes
Chokkan
Tachiki / Moyogi
Shakan
Kengai
Han-Kengai
Bankan
Bunjingi
Fukinagashi
Hokidachi
Taille
Les expositions et les catalogues japonais de bonsaïs font souvent référence à la taille des spécimens individuels. On les classe en général suivant des catégories spécifiques. Les grands gabarits suivent une pratique japonaise qui consiste à les classer en fonction du nombre d’hommes nécessaires pour déplacer l’arbre et son pot (une main, deux mains, etc.).
Noms communs des classes de taille des bonsaïs | ||
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Bonsaïs miniatures | ||
Nom commun | Classement | Hauteur de l'arbre |
Keshitsubo | Taille des graines de pavot | 3-8 cm |
Shito | Taille du bout du doigt | 5-10 cm |
Mame | Taille de la paume | 5-15 cm |
Shohin | À une main | 13-20 cm |
Komono | À une main | 15-25 cm |
Bonsaïs de taille moyenne | ||
Nom commun | Classement | Hauteur de l'arbre |
Katade-mochi | À une main | 25-46 cm |
Chumono | À deux mains | 41-91 cm |
Chiu | À deux mains | 41-91 cm |
Grands bonsaïs | ||
Nom commun | Classement | Hauteur de l'arbre |
Omono | A quatre mains | 76-122 cm |
Dai | A quatre mains | 76-122 cm |
Hachi-uye | A six mains | 102-152 cm |
Bonsaï impérial | Huit mains | 152-203 cm |
Processus de création
La première étape de la création d’un bonsaï consiste à prendre un jeune arbre (ou même un arbre ayant poussé pendant quelques années dans un environnement naturel) et à le transplanter dans un pot. Il est ensuite élevé dans ce dernier.
L’artisan doit avoir une idée précise de la forme future, de l’aspect global et des particularités qu’il souhaite donner à ce jeune arbre. C’est un processus d’anticipation complexe, car il faut imaginer sur le long terme, généralement plusieurs décennies.
La troisième étape consiste à entretenir l’arbre et à la façonner quotidiennement. Le cultivateur doit faire preuve d’une créativité (mesurée, il s’inspire de modèle) lui permettant au mieux de façonner la forme finale de l’arbre.
Il existe une différence fondamentale entre l’art du bonsaï et la simple culture de plantes en pot. Le cultivateur de bonsaï utilise des techniques artificielles pour empêcher les arbres de se développer de façon sauvage. Il prend soin de l’arbre, tout en contrôlant strictement sa croissance naturelle pour le modeler vers l’apparence envisagée. C’est une approche qui se retrouve également dans les jardins japonais traditionnels.
Différences avec le Penjing
La culture d’un arbre miniaturisé est aussi affectionnée en Chine : le public apprécie de voir la beauté de la forme d’un arbre, la vitalité déployée dans un espace réduit et surtout les techniques des cultivateurs. Mais il y a trois différences fondamentales entre le penjing et le bonsaï :
- La qualité esthétique des paysages miniaturisés (shukkei) dans la tradition japonaise : depuis le début du XXe siècle, les gens considèrent de plus en plus les bonsaïs comme des créations à cultiver, mais également des objets décoratifs à placer dans le tokonoma de la maison, au même titre que des arrangements ikebana. La taille et le poids d’un bonsaï (y compris son pot) sont définis en fonction de ce qui peut être transporté à la maison et placé dans l’espace du tokonoma. Les créations chinoises sont souvent plus grandes que les bonsaïs japonais, et dans certains cas, le terme penjing s’applique à des arbres de tailles normales qui poussent dans de larges récipients.
- La focalisation sur la beauté du mitate, c’est-à-dire l’expression métaphorique d’une scène ou d’un événement connu par le biais d’un autre support. Cette expression japonaise prend racine durant l’époque Edo notamment dans les arts littéraires. Les arts occidentaux et chinois se tournent davantage vers le réalisme.
- La troisième différence réside dans la qualité esthétique de l’omission, de l’espace vide. Le penjing chinois met l’accent sur les arbres et les entoure dans leurs pots par des représentations réalistes de paysages construits avec des pierres, du sable et d’autres matériaux. On observe alors de nombreux modèles de grues perchées ou de modèles de ponts pour dépeindre une image idéalisée de la demeure d’un écrivain classique ou d’un ermite, par exemple. C’est une approche bien trop explicative pour être appliquée dans l’art du bonsaï japonais : il se passe, dans la mesure du possible, des éléments décoratifs superflus, du moins à l’extérieur du contenant. L’espace entourant l’arbre doit être vide pour offrir au spectateur la possibilité d’imaginer par lui-même le contenu de cet espace périphérique. La beauté doit être accompagnée d’une saveur très abstraite.
Transmission
Les origines du bonsaï au sens contemporain remontent à une époque relativement récente, environ 200 ans. La plupart des arts traditionnels japonais fonctionnent avec le système iemoto, c’est-à-dire avec des écoles particulières qui transmettent les connaissances de génération en génération. Ici, le bonsaï fait figure d’exception : il n’y a pas vraiment d’écoles strictes ou de système iemoto. C’est tout le contraire de la cérémonie du thé ou l’ikebana, ou les arts du spectacle traditionnel comme le no ou le kabuki.
Le bonsaï était un passe-temps réservé aux aristocrates. Les gens ordinaires n’étaient pas autorités à le pratiquer et pouvaient être exécutés s’ils en cultivaient en cachette. La technique de la culture du bonsaï s’est répandue dans tout le Japon et à la fin du XIXe siècle, il s’est largement démocratisé. Certains écrits attestent que chaque maisonnée avait son propre bonsaï.
Le terrible tremblement de terre de Kanto en 1923 a pratiquement décimé le groupe de promotion du bonsaï qui s’était constitué à cette époque. Les rescapés se sont installés dans le village d’Omiya et ont commencé à cultiver des bonsaïs en tant que société coopérative. Ils convoquent ensemble la première conférence sur les bonsaïs en 1923 et formulent, pour certains, des règles. Ces directives ont aujourd’hui une importance majeure dans l’art du bonsaï et sont suivies dans le monde entier.
- L’harmonie a lieu lorsque chaque élément contribue à l’unité de la composition :
- L’arbre doit avoir une hauteur d’environ 6 fois le diamètre du tronc (le tronc occupe 1/3 de la hauteur, les 2/3 restants sont pour sa couronne)
- Le pot doit avoir au moins une largeur correspondante au 2/3 de la hauteur de l’arbre, si celui-ci est plus large que haut
- La profondeur du pot est conforme au diamètre du tronc à la base
- La branche la plus basse doit être la plus épaisse
- Le démarrage de la première branche est à 1/3 de la hauteur de la plante
- Deux branches ne doivent pas débuter au même niveau sur le tronc
Équipements
Les professionnels et les passionnés de bonsaïs disposent de matériel varié et adapté à cette culture. On peut aussi se contenter d’outils ménagers classiques, bien qu’il soit préférable de recourir à des outils améliorés. Ils facilitent l’application des techniques du bonsaï et sont généralement plus précis. Voici les plus courants :
- La pince à feuille, taille d’entretien des feuilles et sectionner les pédoncules
- Les ciseaux à branchettes, taille complexe dans une ramure branchue et pétioles
- Ciseaux ronds, taille de la branche de plus de 10 mm de section
- Pince coupe-fil, pour sectionner les fils à la ligature qui conduit les branches
- Pince à nœud concave, pour couper les branches de manière à laisser une marque creuse sur la plaie et entretenir une cicatrisation active de l’arbre
- Râteaux avec une spatule, pour retirer les aiguilles des conifères et supprimer les bourgeons
- Balais coco, pour nettoyer la surface du support du bonsaï
- Cylindre doseur, pour ajouter de la terre dans les endroits difficiles à atteindre après le rempotage
- Fil de ligature, pour enrouler les branches afin de parfaire leur position et donner du mouvement au tronc